Pour réaliser notre gamme Soie, nous sommes fiers de soutenir l’entreprise sociale admirable qu’est Artisans d’Angkor et son savoir-faire d’exception unique au monde. La plus grande entreprise sociale au Cambodge, plusieurs fois récompensée par l’UNESCO, Artisans d’Angkor compte 48 ateliers répartis sur 12 sites de la province de Siem Reap et offre un emploi à plus de 1100 personnes, dont 800 tisserands et artisans.
La vision que porte Artisans d’Angkor c’est de raviver les arts et l’artisanat Khmers ancestraux tout en améliorant les conditions de vie de milliers de personnes en milieu rural. Préserver le patrimoine culturel Cambodgien et son héritage ; donner la possibilité à des hommes et des femmes de sortir de la pauvreté grâce à l’éducation, la formation et un salaire juste sont ses deux piliers fondateurs.
Créée à partir du programme Chantiers-Ecoles de Formation Professionnelle - programme mis en place en 1992 par le Ministère de l’Education du Cambodge avec l’appui de la Ligue Française de la Formation Continue et de l'Enseignement puis avec celui de l’Union Européenne - dont le but était de donner à de jeunes Cambodgiens des compétences professionnelles, Artisans d’Angkor a été pionnier au Cambodge d’un modèle social construit autour d’un salaire juste et d’une protection sociale pour tous ses employés. Ainsi, les artisans employés sont membres d’une association qui détient 20% d’Artisans d’Angkor, entreprise elle-même à moitié détenue par l’Etat Cambodgien.
Aujourd’hui, Artisans d’Angkor a développé son propre programme de formation professionnelle dans l’artisanat destiné à de jeunes Cambodgiens de 18 à 25 ans afin de leur apprendre les techniques de tissage, de céramique ou encore la découpe du bois et la taille de la pierre. Les apprentis sont payés pendant le programme et à la fin d’une période de formation de 9 mois se voient offrir un emploi.
En plus de recevoir un salaire juste et équitable, les artisans et tisserands reçoivent un accès gratuit aux soins (docteurs et spécialistes mis à disposition), une assurance gratuite, un congé maternité (avec bien sûr maintien du salaire, ce qui est encore rare au Cambodge) ou encore un service de garderie-crèche.
Artisans d’Angkor a aussi mis en place depuis 2012 un partenariat avec PSE ! En effet l’entreprise accueille aujourd’hui des étudiants de PSE en leur offrant des stages de trois mois en RH, marketing, communication et fonctions commerciales. Enfin, l’entreprise est engagée sur le plan environnemental : cela se voit par le système de retraitement de l’eau qu’elle a mis en place dans sa ferme des vers à soie. En purifiant l’eau qui a été utilisée pour la teinture, elle pourra être utilisée de nouveau notamment pour l’agriculture.
La soie du Cambodge, la soie d’Artisans d’Angkor
La soie Khmère est réputée pour ses fils dorés, elle a un rendu à mi-chemin entre le jaune et l’or. Naturellement lumineuse, elle est plus résistante, de meilleure qualité et avec une texture plus douce que les autres fils de soie.
Ce fil de soie est coûteux, et les vêtements qui en découlent sont donc vus comme très précieux. Ils étaient autrefois seulement réservés à la famille Royale et sa cour.
Saviez-vous que le point de départ du processus magique qui permet la production des Kramas en soie, ce sont les plantations de mûrier ? Les vers à soie adorent manger et leur plat préféré ce sont les feuilles de mûrier !
Après trois mois sous serre, les feuilles de mûrier atteignent plus d’un mètre de haut et sont ensuite plantées à l’extérieur. Leur croissance est très rapide puisque trois mois plus tard, elles donnent des arbres de deux mètres. Ensuite la découpe des feuilles a lieu puis celles-ci sont rassemblées pour nourrir les vers à soie. Les plus grandes branches sont replantées dans la serre et la découpe des mûriers a lieu quatre fois par an.
Au cours des quatre premières étapes de leur développement, les vers à soie sont nourris quatre fois par jour. Lors de la cinquième étape de leur croissance, leurs besoins alimentaires augmentent si bien qu’ils sont nourris en continu en feuilles de mûrier pendant 7 à 8 jours. Lorsque les vers à soie deviennent jaunes, cela signifie qu’ils sont mûrs. Ils sont alors collectés et rangés dans une chambre à part.
À partir de cette étape, les vers ont alors besoin de cinq jours pour produire un cocon. À partir d’une rotation qu’ils opèrent avec la tête, ils commencent à filer leur cocon en secrétant un liquide de la bouche. Ce liquide se solidifie au contact de l’air pour former le fil de soie.
Lorsque le cocon est formé, la phalène se meut en chrysalide pour secréter alors un autre liquide dont la fonction est de casser sa « coquille » de soie. C’est pour cela qu’un processus est mis en place afin d’éviter que le ver brise le cocon : les mettre à sécher au soleil permet d’éviter cette métamorphose. Le cocon ainsi fait va donner naissance au fil de soie. Seuls 20% des cocons atteignent le stade de maturité pour devenir des cocons de soie domestiques et donc utilisables.
Le tissage de la soie, par Artisans d’Angkor
Une fois que le fil de soie a été lavé, assoupli et teint, il est alors rassemblé pour préparer l’étape du tissage. Un cocon possède 300 mètres de fil et nettoyer chaque fil représente un travail considérable. Pour la trame, le fil est enroulé autour de bobines à l’aide d’un métier. Pour le fil qui est utilisé pour la trame, on l’enroule autour de bâtonnets de bois, lesquels vont être insérés dans la navette pour l’étape du tissage.
D’abord, les traditionnelles machines à enrouler activées manuellement fonctionnent à l’aide d’une roue de bicyclette, ce qui permet de trier le fil. Ensuite, après l’étape de la teinte, le fil est enroulé à nouveau (pour le trier et le nettoyer une nouvelle fois) sur la roue puis les fils ainsi produits sont regroupés en bobines.
Chaque bobine de la même couleur est ensuite disposée sur un meuble dédié pour que tous les fils soient à nouveau enroulés et triés grâce à deux séparateurs métalliques qui ressemblent à des peignes pour – étape finale de préparation ! – disposer les fils sur une impressionnante machine à enrouler. Cette machine gigantesque qui a besoin de l’intervention de deux artisans pour fonctionner correctement permet d’enrouler le fil de soie alors assoupli et nettoyé autour d’un grand bâtonnet qui va servir de base pour le tissage. L’une de ces grandes machines à enrouler a été gracieusement offerte à Artisans d’Angkor par un vieil atelier à soie de Lyon et date du XIXème siècle !
Une fois tout ce pointilleux travail de préparation effectué en amont par deux artisans méticuleux, le tissage peut alors commencer. La chaîne de la trame va individuellement passer au travers des bosselures, pour être à nouveau enroulée autour du cylindre placé face au métier à tisser. Dans le même temps, les tisserands pédalent alternativement vers le haut et vers le bas sur les leviers pour surplomber la cadre et donner ainsi la voie à la navette laquelle donne forme à la trame de gauche à droite. Après chaque passage de la navette, le roseau va réunir et resserrer les fils pour donner toute sa longueur au tissu.
Regarder une tisserande travailler sur un métier traditionnel, c’est un peu comme contempler un pianiste talentueux et jouant sa gamme à la perfection. C’est seulement lorsqu’elle est achevée que l’on réalise le caractère unique de chaque pièce et l’importance de préserver les techniques traditionnelles du tissage de la soie.